Le constat
L’intervention auprès de personnes étrangères ou d’origine étrangère se heurte à des difficultés de plusieurs ordres :
Problèmes liés à la langue : les personnes ne parlent pas toujours le français mais ne sont pas non plus analphabetes.
Problèmes liés à la compréhension des manifestations psycho-pathologiques qui font appel à des références culturelles différentes de celles du pays d’accueil.
Il existe une réelle difficulté de prise en charge de certains migrants par les services sociaux, les structures scolaires, juridiques, médicales et hospitalières.
Les manifestations psycho-pathologiques décodées et traitées seulement selon la grille de lecture de la culture d’accueil, par ces différents services, peuvent perdurer car non replacées dans une dimension culturelle autre à partir d’un espace de parole d’où la singularité d’un autre peut se dire. Ces pratiques, traitements ou recommandations n’ont souvent aucun sens pour le migrant qui se repère dans d’autres univers de représentations, ne serait-ce que socioculturelles. Certaines personnes qui souffrent de l’exil, face au constat d’impuissance des professionnels qui les accompagnent, se retrouvent parfois dans des situations très difficiles, voire dramatiques, avec des pathologies qui se chronicisent . Autrement dit, les différents services qui prennent en charge les personnes d’origine étrangère, n’aboutissent pas toujours dans leur accompagnement.
Ces échecs sont souvent liés à une méconnaissance par les professionnels des représentations culturelles qui sous tendent les souffrances et comportements de certains migrants. Cela tient à leur non-compréhension des signes manifestés, des comportements observés. Ils sont également liés à la difficulté pour le migrant lui-même d’exprimer son mal-être.
La prise en charge des personnes migrantes demande une approche spécifique. Elle est indispensable si l’on veut éviter l’incompréhension mutuelle, les erreurs d’orientation, les plaintes somatiques et la médicalisation récurrentes, les interventions inadéquates, voire perturbatrices.